La Voie Bouddhiste
Le Bouddha a enseigné une voie menant à l'éveil spirituel, une méthode que nous pouvons pratiquer dans nos vies quotidiennes. Cette « voie de la pratique » se divise en trois aspects qui se soutiennent mutuellement : la vertu, la méditation et la sagesse.
La Vertu
La voie bouddhiste est fondée sur l'expression de la compassion envers tous les êtres vivants par une pratique de la non-violence. L'entrée dans la voie bouddhiste est souvent marquée par l'engagement à suivre les cinq préceptes.
1. Nous nous engageons à nous abstenir de tuer.
En prenant cet engagement, nous reconnaissons l'unité de tous les êtres vivants et cultivons le respect pour toute forme de vie. Nous nous engageons à affiner notre compréhension de ce qu'impliquent ne pas tuer et ne pas nuire dans toutes nos actions, notamment dans des questions particulièrement difficiles telles que l'avortement, l'euthanasie et l'élimination des animaux nuisibles. Tandis qu'un certain nombre d'entre nous recommandent un régime végétarien et que d'autres non, nous nous engageons cependant tous à respecter ce précepte dans un esprit de révérence pour la vie.
2. Nous nous engageons à nous abstenir de voler.
Nous nous engageons à ne pas prendre ce qui ne nous appartient pas et à respecter la propriété d'autrui. Nous prenons l'engagement de faire preuve de lucidité dans l'utilisation de toutes les ressources de la planète, avec respect et conscience écologique.
3. Nous nous engageons à nous abstenir de toute inconduite sexuelle.
Nous nous engageons à nous abstenir de faire du tort par le biais de la sexualité, de l'adultère ou de l'exploitation sexuelle, et à observer le célibat durant le séjour au centre de méditation TNI. Nous acceptons de développer notre conscience concernant l'influence de la sexualité dans nos relations et à exprimer respect et bienveillance dans cette dimension de l'expérience humaine.
4. Nous nous engageons à ne pas prononcer de paroles mensongères.
Nous nous engageons à dire ce qui est vrai et utile et à nous abstenir de tout commérage dans notre communauté. Nous nous engageons à cultiver une communication claire et consciente ainsi qu'à développer les qualités de bienveillance et d'honnêteté en tant que fondement de notre parole.
5. Nous nous engageons à nous abstenir de consommer de l'alcool ou des stupéfiants, qui sont la cause d'inattention ou d'inconscience.
Il est évident que l'abus de ces substances est la cause d'immenses souffrances. Nous convenons qu'il ne doit pas y avoir de consommation d'alcool ou de drogues pendant les retraites ou sur les lieux de retraite.
Ces cinq préceptes sont transcrits du livre de Jack Kornfield, Périls et promesses de la vie spirituelle, traduit de l'américain par Gisèle Gaudebert et Jean-Pierre Bouyou (La Table Ronde, 1998, pages 423-425). Les troisième et quatrième préceptes ont été modifiés pour refléter l'ordre traditionnel, et la formulation du troisième précepte a été légèrement modifiée.
Un tel style de vie permet de développer l'autodiscipline et la sensibilité nécessaires pour cultiver la méditation, le deuxième aspect de la voie.
La Méditation
La méditation est, au sens large, la concentration répétée de l'attention sur une image, un mot ou une idée dans le but de calmer l'esprit et de considérer la signification de cette image ou de ce mot. Dans la pratique bouddhiste de la méditation vipassana, cette concentration de l'attention a un autre objectif, qui est celui de comprendre pleinement la nature de l'esprit. Cela peut être accompli en utilisant l'objet de méditation comme point de référence stable, révélant ainsi les attitudes qui sont autrement enterrées sous l'activité de surface de l'esprit.
Le Bouddha encourageait ses disciples à utiliser leurs propres corps et esprit comme objets de méditation. Un objet commun, par exemple, est la sensation associée au processus de la respiration normale. Lorsque qu'une personne s'assoie, immobile, ferme les yeux et se concentre sur sa respiration, clarté et calme apparaissent après un certain temps. Dans cet état d'esprit, on discerne plus clairement les angoisses, les attentes et les humeurs habituelles, et par la pratique de l'introspection douce mais pénétrante (vipassana), elles peuvent être résolues.
Cultiver la bonne volonté et la bienveillance apporte une autre dimension à la pratique vipassana. La méditation enseigne naturellement la patience et la tolérance, ou du moins nous démontre l'importance de ces qualités. Afin de développer une attitude à coeur ouvert envers la vie et d'accroître la compassion dans la vie quotidienne, le Bouddha recommandait des méditations ou les qualités de l'amour et de l'amitié étaient délibérément cultivées.
La méditation est habituellement associée avec la position assise, mais en fait, la marche est communément alternée avec cette position comme forme de méditation. Choisir un court trajet d'environ vingt pas et s'accorder au rythme délicat de la marche aller-retour calme l'esprit et nous met en contact avec le moment présent d'une façon simple, non compliquée.
Le Bouddha nous a appris qu'il est possible de maintenir la méditation durant le cours de nos activités quotidiennes, tout comme en ayant la posture assise et immobile. On peut se concentrer sur le mouvement du corps, sur les sensations physiques qui se manifestent ou sur les pensées et les humeurs qui passent à travers notre esprit. Il appelait cette concentration mobile « attention ». Le Bouddha a expliqué qu'à travers l'attention il est possible de réaliser une présence qui soit sereine. Même si elle est centrée sur le coeur et l'esprit, elle est sans passion ni attachée à aucune expérience physique ou mentale.
Même si l'attention est l'outil principal à utiliser, nous avons généralement besoin de repères pour établir l'objectivité adéquate face à nous-mêmes et pour évaluer ce que l'attention nous révèle. Là est la fonction des enseignements de sagesse du Bouddha.
Sagesse
Les enseignements de sagesse du Bouddha les plus utilisés ne sont généralement pas des propos sur Dieu ou sur la Vérité ultime. Le Bouddha considérait que de telles déclarations pouvaient mener au désaccord, à la controverse et même à la violence. La sagesse bouddhiste décrit plutôt ce que l'on peut tous remarquer à propos de la vie, sans adopter de croyances.
Les quatre nobles vérités
Le Bouddha a souvent utilisé une métaphore médicale pour décrire son enseignement fondamental. Il y a la maladie, la cause de la maladie, la fin de la maladie et un remède pour celle-ci. De la même façon, il y a la souffrance, une cause à la souffrance, une fin à la souffrance et un sentier qui mène sa fin. Ces énoncés sont connus sous le nom des quatre nobles vérités.
La première noble vérité:
Il y a de la souffrance.
La vie telle que nous la connaissons comporte nécessairement une part d'expériences désagréables. La maladie, la douleur et la détresse en sont des exemples évidents. Même dans les sociétés relativement aisées, les gens souffrent d'anxiété, de stress et d'un sentiment d'inutilité, ou se sentent incapables de faire face aux défis qui se présentent dans la vie. De plus, les expériences agréables sont limitées et transitoires. En tant qu'êtres humains, nous sommes toujours vulnérables face aux incertitudes de la vie, et aucune manipulation des situations externes ne peut nous protéger complètement de l'éventualité de souffrir à nouveau.
La deuxième noble vérité:
La souffrance a une origine.
La souffrance, dans ce cas-ci, est le conflit intérieur que nous avons avec les hauts et les bas inhérents à la vie. La maladie et le deuil sont tous aussi naturels que le gain et la santé. Notre incapacité à accepter paisiblement les changements de la vie se manifeste de plusieurs façons : peur, colère, avarice, confusion, haine de soi-même, jalousie, etc. Tout cela parce que nous voulons souvent ce que nous n'avons pas et ne voulons pas ce que nous avons. Cette envie se traduit par un désir insatiable et l'attachement à celui-ci est la cause de la souffrance.
La troisième noble vérité:
Il y a une fin à la souffrance.
Quand nos vies sont contrôlées par les désirs insatiables, nous sommes dans une situation perpétuelle de déséquilibre et de mécontentement. En apprenant à se détacher de nos désirs, nos coeurs reviennent à leur état naturel d'équilibre et d'aisance dans lequel il est possible de trouver la paix et la compassion profonde. Plus le laisser-aller est profond, plus l'amour et la paix le sont.
La quatrième noble vérité:
Il y a un sentier qui mène à la fin de la souffrance, le sentier octuple.
Le sentier octuple offre des indications pour le développement de la vie spirituelle. La compréhension juste commence par une compréhension intellectuelle de l'origine de la souffrance, qui culmine vers une réalisation profonde de la réalité telle qu'elle est. À partir de la compréhension juste, nos pensées s'accordent avec la vérité, et ainsi l'intention juste motive nos actions, nos paroles et nos pensées. De là, les questions par rapport au style de vie sont abordées relativement à la parole juste, à l'action juste et aux moyens d'existence justes. Tout cela nécessite l'effort juste et l'attention juste. Finalement, l'habileté à demeurer présent et attentif est renforcée par la méditation juste.
La justesse de ces aspects du sentier signifie qu'ils conseillent de vivre en accord avec la vertu, la méditation et la sagesse, plutôt que dans une autre position centrée sur soi-même. Une telle voie est ainsi juste pour les autres comme pour soi-même.
Cultiver pleinement cette manière de vivre permet de trouver la sérénité et la patience en soi-même durant les moments difficiles, ainsi que le désir de partager la prospérité quand les choses vont bien. Il devient alors possible de mener une vie sans culpabilité, et plutôt que d'être assujettis à des changements d'humeur brusques, le coeur et l'esprit demeurent tranquilles et joyeux à travers les circonstances de la vie.